mardi 14 mai 2013

Le Guilvinec, 9° jour


Grande matinée d’écriture. Puis je déjeune d’un kebab-frites au soleil sur la (ma) plage, seule face au large. C’est un moment idéal. Les paquets d’algues sur la plage, à marée basse, on dirait un immense chien (Puli) mort, ou qui dort.
Je remonte travailler sur le texte. Je récapitule les 7 dangers de Gabriel. L’avant dernier, est-ce un accident de plongée ou un accident intergalactique ? Va-t-il jusque dans l’espace ? Et perd-il la parole après son coup sur la tête, un temps ?
16h40 : pause derrière la fenêtre grande ouverte. Quand tu fermes les yeux au soleil, après, tout est bleu. Réchauffée, je retourne écrire.
18h45 : Au port, longtemps après le retour des chalutiers, dans l’air doux : ce sont des pêcheurs à la ligne maintenant qui y sont, des bandes de gosses, un vieil homme, un père et sa fille. Sur la table d’orientation : Bilbao, Cayenne, Terre-Neuve, les trois directions.
Je marche une heure sur les rochers, jusqu’à la pointe et retour. Toujours le vent, toujours les embruns. Marcher sur les rochers sans but, sauter. La grève jaune : les rochers sont couverts de lichens jaune d’or qui colorent l’eau des flaques. Le contourne le château avec ses hauts murs qui empiètent sur les rochers. Les trois bancs bleus, à la pointe de Men Meur. Les bateaux, c’est pas des bateaux, c’est des gens. Je comprends pourquoi tout le monde a des jumelles en bord de mer : qui est sur le pont ?
Je dîne au Poisson d’Avril. Trop beau, la petite lanterne allumée dehors sur fond de ciel qui se couche. Tout à l’heure, un chalutier mauve est rentré au port, vers 20h. Là, c’est un petit ligneur blanc. Il refait beau, ciel étiré, lumière d’une grande douceur et marée haute qui bat les rochers. Mmh, pain mainson et beurre salé, rien de meilleur. (Gabriel, à la fin : “Tant que j’ai ça et une poignée de langoustines (ou de boucs), de temps en temps…”) Un tatouage sur la cheville de la serveuse. Est-ce que Sardine est tatouée ?
Même moi qui ne suis pas d’ici, je déteste que ce restaurant soit plein aujourd’hui, et quil y ait des gens sur la plage, avec des enfants, avec des chiens, avec un cahier de mots croisés, à cause des vacances. Je voudrais être seule pour en profiter. La vraie question, c’est pas : comment vous faites l’hiver sans nous ? mais : comment vous faites pour supporter l’invasion, l’été ?
De ma fenêtre, je regarde un jeune homme qui promène son chien sur la plage en téléphonant dans la presque nuit. Il lui jette un bâton, parle le temps que le chien court le chercher, s’interrompt pour arracher le bâton de la gueule du chien fou de joie, le re-lance, reprend la discussion…etc. De temps en temps, pris par ce qu’il dit, le jeune homme vise mal et le bâton tombe dans l’eau où le chien court le chercher et le rapporte couvert de goémon au garçon qui doit interrompre sa conversation pour le nettoyer avant de le re-lancer. Est-ce que Sardine appelle Gabriel comme ça, certains soirs ?

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